LES UNS SUR LES AUTRES :
Journal de 13h TF1: ICI
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« Les uns sur les autres » met La Madeleine sens dessus dessous
De « Building » à « Les uns sur les autres » en passant par « Ring », l’écriture de Léonore Confino s’intéresse au domaine sociétal en lui rendant sa part d’humanité toujours si proche de la vulnérabilité et du vacillement.
- LES UNS SUR LES AUTRES photo © Bernard Richebé
Qu’une famille « tuyau de poêle » se donne en objet d’observation selon une coupe transversale et voilà que les rôles stéréotypés de père, mère, fils et soeur se projettent autour de la table familiale dans un chaos dont personne ne détient les clefs.
Et pourtant, branchés aux données numériques permettant de résoudre n’importe quelle problématique issue des nouvelles technologies, les deux ados rivalisent en coups pendables censés maintenir l’attention des adultes bien au-delà du seuil de bienveillance.
Par ailleurs, s’ajoutant au modus vivendi farfelu de cette maisonnée à trois niveaux, la présence incontrôlable du grand-père (Pierre Vial) handicapé corse, à elle seule, l’autonomie de chacun.
Toutefois rien ne semble pouvoir suspendre, ne serait-ce qu’un instant, l’anorexie transparente de l’une (Marie Petiot), les expérimentations sauvages de l’autre (Benjamin Witt), le courant d’air à trace continue laissé par le pater familias (Olivier Faliez) absent pour réunionite au CNRS, si ce n’est l’appel à l’aide, proféré en cycles quotidiens par la mère des batailles : « A table » !…
A l’image de l’affiche du spectacle, c’est donc bel et bien un véritable sac de nœuds qui maintient l’osmose de cette famille lambda, forcément dépositaire d’un lourd secret paralysant, au plus profond du patrimoine génétique commun, son flux vital et affectif par un ensemble de comportements aberrants et destructifs.
Cependant, la lumière sera au bout du tunnel inconscient ; il suffira qu’un pion du maelström sorte du jeu pour qu’une lettre testamentaire éclaire d’un jour nouveau le blocage ancestral et qu’ainsi les pendules de la destinée se mettent de nouveau en phase avec la cohérence familiale.
Agnès Jaoui est en quelque sorte le métronome de cette fable scénographique où la truculence se disputerait aisément avec Les Groseille de service, si seulement la vie pouvait être un long fleuve tranquille !…
photo © Bernard Richebé


LES UNS SUR LES AUTRES
Théâtre de la Madeleine
19 rue de Surène
75008 Paris
01 42 65 07 09
Après une pièce sur le couple, Ring, une sur le monde du travail, Building, Leonore Confino, jeune et talentueuse auteur à l'écriture corrosive, nous donne avec Les uns sur les autres une peinture violente et acide de la vie de famille. Et confirme qu'elle est un auteur contemporain avec qui il faut compter.
Le texte est comme toujours percutant, au vitriol et étonnamment moderne, partagé entre humour et drame, n'hésitant pas à ajouter un élément absurde ou fantastique, jouant des mots avec une imagination et une insolence composée d'assemblages inédits et d'emplois surprenants.
Cela nous raconte une famille comme il en existe beaucoup, la mère débordée, le père trop absent, accaparé par son travail, le grand-père impotent et deux ados comme sont les ados, lui ne s'intéressant qu'à ses jeux vidéos, elle obsédée par la minceur. Ils s'ignorent ou se disputent, sans véritable lien sentimental apparent, sans communication, soumis à la tyrannie du monde technologique.
Une famille ordinaire, qui pourrait être celle de nombre d'entre nous, donc mais dont les défauts à leur paroxysme sont exposés puissance mille, devenant par là même poétiques et rôles.
À la mise en scène vive, nerveuse, soutenue et toute au service du texte, on retrouve comme dans les deux précédentes pièces, Catherine Schaub qui codirige avec l'auteur la compagnie théâtrale Productions du sillon, installée à Poisy (Yvelines).
Les différents niveaux du décor accentuent l'effet de manège, de tourbillon.
La distribution est parfaite, Benjamin Witt et Marie Petiot, deux ados plus vrais que nature, Pierre Vial, 86 ans, extraordinaire grand-père et Olivier Faliez, le père, attachant avec ses maladresses.
Et Agnès Jaoui. Incroyable. Époustouflante. Tellement qu'on ne peut plus après l'avoir vue imaginer quelqu'un d'autre dans ce rôle. Qui peut nous faire rire avec rien, un regard, une expression et surtout cette diction saccadée, cette façon qui n'appartient qu'à elle de lancer ses répliques. Et qui, dans la scène de la révélation du secret de famille qui va bouleverser leur vie à tous, immobile sur sa chaise, en arrière plan, sans faire un seul geste, sans dire un seul mot, nous émeut aux larmes.
La fin pourrait nous donner l'espoir qu'ils se sont enfin tous trouvés avec la parole enfin libérée. Mais …
Encore un spectacle à ne pas manquer en cette rentrée théâtrale décidément des plus intéressantes
Un vrai régal pour les amateurs.
Nicole Bourbon
RING :





La critique de 
( Marie-Céline Nivière )Joutes amoureuses sur le Ring
La représentation du couple a été maintes fois abordée au théâtre. Il y a tant à dire. La pièce de Léonore Confino renouvelle le genre, grâce à une écriture enlevée, portée par un beau duo d’acteurs, Audrey Dana et Sami Bouajila.
Avec ce genre de pièce, on peut facilement tomber dans les clichés, dans la facilité. Pour éviter cet écueil il faut un bon texte bien senti. La plume de Léonore Confino nous emmène dans différents univers. Elle sait se faire mélancolique, acide ou lyrique. Elle remonte deux mille ans d’histoire et débute naturellement par le plus ancien couple de l’humanité, Adam et Eve. Eve s’ennuie fermement sur son banc. Ce qui nous vaut dès le début du spectacle une réplique qui fait mouche : « Tu ne ferai pas un petit cafard du dimanche soir ? ». La séduction, la domination, la tendresse, chacun peut se retrouver dans ces dix-huit scènes. On y retrouve la mère dépressive, les insomnies liées à la naissance d’un bébé, le couple qui cherche à mettre du piment dans sa vie. Et des femmes qui cherchent le bonheur : « Un homme pour le sexe, un homme pour les enfants, un homme pour s’épanouir ».
Audrey Dana et Sami Bouajila naviguent avec aisance dans ce spectacle plus compliqué qu’il n’y parait à interpréter. Les ruptures sont nombreuses. Ils jouent à 100 à l’heure. Ils sont charmants et sensuels. Et finissent sur les rotules après une scène d’anthologie réunissant deux célibataires jouant au jeu de la vérité à une heure tardive dans une boîte de nuit, totalement ivres. La mise en scène de Catherine Schaub, toute en finesse et en sobriété met bien en exergue le texte et le jeu des acteurs. Bref, ce ring est un petit moment de bonheur !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
mercredi 23 octobre 2013
Ring au Théâtre du Petit Saint Martin

Le Monde.fr | Par Sandrine Blanchard
Avignon off : dans la peau d'une festivalière
Il va falloir faire des choix. Trier, cocher dans ces 400 pages de programme du Festival "off" d'Avignon. Assise à la terrasse d'un café, le délicieux bruit des cigales en fond sonore, je m'attèle à cette lecture fastidieuse mais remplie de promesses. Mes voisins de table m'interpellent : "Vous avez vu quoi de bien ?" ; petite phrase rituelle entre festivaliers. Car les dizaines de milliers d'affiches qui envahissent les rues, les centaines de milliers de tracts distribués quotidiennement ne pèsent pas si lourds face à l'arme de décision massive pour remplir — ou pas — les 125 lieux du off : le bouche à oreille.
1 258 spectacles, cela en fait des occasions de discuter et d'échanger. Au cœur des remparts, dans l'hôtel où j'ai la chance de résider, trois feuilles ont été affichées dans le hall et remplies par les clients, au fil des 24 jours de festival. Trois feuilles pour trois catégories de spectacles : "à voir absolument", "à voir" et "à éviter". Chacun y va de ses conseils, de ses coups de cœur ou de ses coups de colère rédigés à la hâte. Un titre, un lieu, personne ne s'étend parce qu'à Avignon, le temps file à toute allure. Du matin au soir, en s'organisant bien, le festivalier sait qu'il peut découvrir quatre à cinq spectacles. Il est comme dans un jeu de piste et de découvertes, déambulant programme sous le bras ou application du off téléchargée sur son smartphone, sans cesse sollicité à tendre la main pour saisir un tract. Rituel incontournable qu'il fait bien volontiers. Voilà le récit de mes premiers jours de marathon dans le "off" d'Avignon. Avec un parti pris : l'éclectisme.
Jeudi 18 juillet : "On irait pas boire une bonne bière ?"
A deux pas des locaux du Off, où journaliste que je suis, je retire mon accréditation, le théâtre du Balcon nous tend les bras. Une belle salle devant laquelle, en ce début d'après-midi, patiente une longue file d'attente. C'est bon signe. "Building, il paraît que c'est bien", avais-je entendu dire ici et là. A Avignon, l'offre est tellement pléthorique, qu'on écoute facilement les "on dit". Après une heure et quart passée avec le patron et les employés de Consulting conseil, un tonnerre d'applaudissements salue cette pièce drôle et caustique. Building, de Léonore Confino, mise en scène par Catherine Schaub, c'est la vie d'une entreprise, à l'échelle d'une journée de travail, dans tout ce qu'elle peut avoir de cynique et de pathétique. Un spectacle percutant dont on garde en mémoire l'incroyable discours du PDG, prononcé en prologue et en épilogue de la pièce. Deux versions qui font sourire d'effroi ; la première à cause de ses éléments de langage à l'attention du petit peuple des employés, la seconde par son côté heure de vérité, juste en modifiant quelque mots de jargon entrepreneurial. Un remarquable exercice de style. Building, c'est aussi mon premier coup de cœur pour une comédienne, Miren Pradier, formidable en "executive woman" surexcitée et désespérée. Avignon commence bien.
THEATRE DU BALCON
Building ****
Publié le mardi 09 juillet 2013Comédie performante sur le monde du travail
Bienvenue dans le monde merveilleux de l’entreprise !
L’auteur et interprète , Léonore Confino explore les bureaux de Consulting Conseil, une entreprise qui coache les coachs, et nous parcourons les 13 étages de l’immeuble au fil des heures, rencontrant les rouages, du directeur aux agents d’entretien. Effectivement, il s’agit de rouages, toujours sommés d’en faire plus pour atteindre les objectifs exigés par les actionnaires et de ce fait déshumanisés, allant d’humiliations subies à d’humiliations données.
Les changements de décors et de personnages sont réglés de façon impeccable, les scènes se succèdent à un rythme soutenu et font sentir la pression constante subie par les employés, le stress qui en découle, l’accumulation de tâches absurdes, le cynisme des dirigeants avec une inventivité percutante. Les 5 acteurs sont remarquables.
Mais cette pièce est réjouissante, grâce à l’écriture corrosive qui reflète ce monde avec une grande justesse, avec beaucoup d’humour, souvent noir et à la mise en scène efficace.
Théâtre du Balcon, 38 rue Guillaume Puy, du 6 au 28 juillet. Tarifs 20€ - adhérents 15€. Renseignements 04 90 85 00 80
Marie-Claude Bretagnolle
De l’enfer managérial au paradis du foot
Rédigé par Jack Dion le Dimanche 21 Juillet 2013
La vie en entreprise avec « Building », de Léonore Confino, dans une mise en scène de Catherine Schaub (satire à tous les étages).
C’est un building pas comme les autre. Il accueille en son 13ème étage le siège de la société « Consulting conseil », spécialisée dans le conseil aux conseilleurs. Le ton est donné. « Building » donne dans le sarcastique managérial.
D’ailleurs, la pièce commence par un speech du Pdg aux actionnaires qui vaut son pesant de dividendes. Il enfile mots creux, formules vides, phrases toutes faites, propos abscons, comme on en voit fleurir dans les ateliers dévolus à la fabrique de la langue de bois patronale.
Le Pdg cause,cause, cause, sûr de lui et dominateur. A la fin, bien malin qui pourrait expliquer ce qu’il a voulu dire, si ce n’est qu’il a justifié les choix de la direction – les siens, en fait.
Suivent une série de sketchs tous plus farces les uns que les autres. Ainsi peut-on goûter les joies de l’horreur managériale. Grâce à une scénographie d’une rare efficacité, on est transporté dans différents lieux de l’entreprise, de la cafétéria aux bureaux, afin d’y vivre en direct des scènes du quotidien. Humiliations, règne des petits chefs, mesquineries, règlements de comptes, espoirs déçus, frustrations diverses. Régulièrement, un pigeon vient s’écraser sur les vitres de l’immeuble, symbole animal d’une vie professionnelle promise à la même destinée.
C’est rondement mené, avec quelques passages plus faibles que d’autres, car il est difficile de tenir un tel rythme. Les acteurs sont plus vrais que nature.
En guise de bouquet final, on retrouvera le fringuant Pdg face à ses actionnaires. Il leur tient alors quasiment le même discours qu’au début mais en amplifiant le non sens du propos, faisant l’éloge des échecs qui confirment la justesse des choix. On est en plein règne de l’absurde à ceci près que bien des déclarations de conclaves élitistes y ressemblent et que personne n’y trouve à redire.





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La jungle de l’entreprise
Coincés dans une rame de métro, cinq hommes et femmes vivent les premières agressions de la journée. La scène, muette, dit la banalité d’une promiscuité imposée. Les corps se défendent tandis que les voix intérieures disent
les préoccupations personnelles. Arrivés dans l’enceinte de l’entreprise, une autre jungle les attend. Les scènes sonnent le vécu des relations de travail, des prises de fonction d’une nouvelle hôtesse au « pot »
traditionnel, au contrôle comptable des notes de frais, Léonore Confino connait visiblement son sujet. Entre un discours du PDG aux actionnaires à un autre discours, elle passe en revue les moments incontournables de la vie d’une grande entreprise, du sadisme des supérieurs à la lâcheté des collègues, de l’hypocrisie des chefs à la douleur des employés à l’heure de la restructuration. Le règne du cynisme est total. Si certaines situations
semblent exagérées, cela n’est dû qu’au raccourci imposé par l’écriture. Le décor, fonctionnel comme l’espace qu’il décrit, est composé de différents éléments sortis d’un puzzle vertical. La mise en scène de Catherine Schaub est parfaitement réglée, comme l’interprétation, troublée à intervalles réguliers par l’écrasement brutal d’un pigeon sur la vitre du building, métaphore de l’écrasement du « cheptel » humain.
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"Building" né, comme le confie avec humour son auteur, du mal de pied inhérent à la station debout prolongée de l'hôtesse d'accueil qu'elle fut au Palais des Congrès, explore l'univers impitoyable du monde du travail. Un univers devenu par ailleurs hautement pathogène avec le remplacement du patron bourgeois par la société capitaliste et l'émergence des techniques contemporaines de management élaborées pour satisfaire les nouveaux patrons du 20ème siècle que sont les associés-investisseurs, dont la seule finalité est le rendement financier par la distribution toujours croissante de dividendes. Léonore Confino a écrit une roborative et pertinente tragi-comédie, aussi drôle que caustique autour du déroulement chronologique d'une journée de travail au sein d'une société prestataire de services qui a pour vocation, dans le secteur fumeux des services aux professionnels, de "conseiller les conseillers" et du vécu in situ d'une trentaine de personnages. Structurée sous forme de tableaux comme une sketch comedy, elle est composée de dramuscules qui abordent, du jargon managérial à la souffrance au travail, tous les dysfonctionnements et dérives qui, loin de faire du travail un lieu de réalisation, voir d'épanouissement, professionnel en font un lieu d'enfermement névrotique, au travers du vécu d'une trentaine de personnages. L'originalité de son opus tient à ce qu'il ne se cantonne pas à une une efficace satire, la réalité en ce domaine dépassant toujours la fiction, mais pousse le réalisme vers l'absurde et l'absurde vers une forme de folie ambiante qui peut faire imploser l'édifice, métaphore de l’organigramme pyramidal de la société et de la déshumanisation progressive. Avec le décor judicieux et malin de Sophie Jacob, un mur alvéolaire qui permet de moduler les différents espaces de travail, Catherine Schaub, signe, outre une parfaite direction d'acteur, une mise en scène particulièrement roborative et jubilatoire reposant sur une hybridation réussie des genres et des registres pour ne verser ni dans l'illustration documentaire ni dans le naturalisme militant. Scandées par l'écrasement en plein vol sur les façades vitrées du building des pigeons abusés par le reflet mortel du ciel, belle métaphore des mirages de l'homme au travail et de quelques brefs intermèdes dansés et chantés, les scènes s'enchaînent à un rythme soutenu avec une dynamique qui va crescendo, du parking à la salle de réception pour cocktail de clôture des comptes, jusqu'à l'emballement final de la machine. Sur scène cinq officiants réussissent la performance d'incarner tous les personnages, dont certains récurrents, sans jouer les fregoli, un simple détail vestimentaire faisant office de pictogramme signifiant, pris dans une infernale spirale destructrice; Avec une distribution de comédiens aguerris, Bruno Cadillon (épatant notamment dans les édifiants rapports du PDG à l'assemblée générale des actionnaires qui servent de prologue et d'épilogue au spectacle), Olivier Faliez, Yann de Monterno, Miren Pradier et Léonore Confino elle-même, qui excellent dans le jeu loufoque et peuvent partir en vrille au quart de tour, Catherine Schaub propose donc avec la Compagnie Les productions du sillon, naviguant de manière heureuse dans tous les registres du comique au pathétique, un excellent spectacle de théâtre vivant qui montre et interroge le société contemporaine. MM |
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Nous sommes chez Consulting Conseils, une entreprise qui a pour absurde mission de coacher les coachs, de conseiller les conseillers. Suivant la chronologie d'une journée de travail, hôtesses, comptables, cadres, chargés de communication s'agitent, déjeunent, prospectent, brainstorment....tout est gris, déshumanisé
L'auteur, qui joue également dans la pièce, a connu le monde de l'entreprise. C'est sans doute ce qui donne tant d'authenticité à ce spectacle (j'y ai moi-même reconnu certaines situations que j'avais vécues et je suis sûre que bien des spectateurs feront la même constatation). Symbolisant la résignation de l'être humain à accepter des situations inacceptables, on assiste à la mort de pigeons imaginaires venus s'écraser contre les vitres de l'immeuble. Néanmoins, rien de dramatique dans cette pièce. Bien au contraire, on rit beaucoup. La mise en scène est efficace et tourbillonnante. Pas un instant, on ne s'ennuie face à ces comédiens énergiques et talentueux (ils endossent plusieurs personnages successifs avec brio et créativité.) Merci à eux d'avoir su transformer une réalité si peu gaie en un vrai moment de détente. Courez-y, vous le ne regretterez pas.
Claudine Levanneur
des fraises et de la tendresse
samedi 26 mai 2012
Des pigeons et des hommes
Comment, aujourd'hui, supporter un travail qui exige que l'on laisse au vestiaire l'humain ? L'affect, l'intime, le moi, sont de vaines choses qu'on doit au mieux taire, sinon nier. Au travail. Les drames qui ont émaillé l'actualité ces dernières années donnent un piètre constat du monde du travail tel qu'il va, des méthodes managériales qui ne broient pas seulement du papier. La femme, l'homme, sont tour à tour des boîtes de conserve, des pantins, des kleenex essuyant le succès, les marges brutes d'autofinancement, la crise. L'humain, quantité négligeable.
Comment supporter sinon par le rire ? Se moquer des travers, des absurdités, des monstres à plusieurs têtes qu'enfante dieu Efficacité, nourri par nos ambitions, nos craintes muées en peurs, nos besoins de consommer. Se moquer. Et réfléchir, peut-être.
Le rire. Et le théâtre.
L'ironie mordante de l'auteure de théâtre Léonore Confino. La mise en scène efficace de Catherine Schaub. Au Théâtre Mouffetard, à Paris. C'est Building. Un building aussi gris qu'impersonnel. Un décor carré, mouvant, cadre parfait pour la comédie performante Building. Où se débattent les employés de Consulting Conseil, entreprise qui conseille les conseillers.
Cinq comédiens incarnent hôtesses potiches, comptables tiraillées entre l'empathie et la rancœur, cadres brainstormant ou jouant un simili-paintball aussi musclé que jubilatoire, agents d'entretien priés de tenir le rythme, président empathique ou paumé tel l'enfant qu'il fut autrefois. 30 personnages qui se croisent, se frottent aux absurdités de leur tâche, s'insultent ou se confient, imperceptiblement. A travers une faille où perce le rêve d'un autre travail, d'une autre vie. Au rythme des pigeons qui s'écrasent sur leurs baies vitrées.
Une journée de boulot somme toute banale. Millimétrée. Qui déraille.
C'est drôle, c'est brutal.
Notez le nom de Léonore Confino. J'ai eu la chance de lire une autre de ses pièces, bientôt produite, j'en mets ma main à couper, dans un grand et prestigieux théâtre parisien. Puis en province, évidemment. Où a été créé Building. A Poissy. Une auteure à qui je prédis de belles affiches. Tant son écriture est moderne, pétulante, inventive, singulière. Et tellement drôle.
Courez-voir Building au Théâtre Mouffetard. Ça se joue jusqu'au 30 juin, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h (relâches 27 mai et 29 juin).
Laurent Delpit
Représentation du 03/03/2012 à Villefranche de Rouergue
Représentation du 21/02/2012 à Orléans
Représentation du 16/02/2012 Biarritz
Le PROGRÈS 11/01/2012
JE SUIS LE PÈRE DE TOUT LE MONDE :
Figaroscope
Corse Matin
Dossier "Seul en Scène" Figaroscope
Avantages
YOUHUMOUR.COM :
Michel Scotto di Carlo dans « Je suis le père de tout le monde »
Le personnage que nous avons devant nous aime les femmes… et les enfants et son credo c’est « emmerder la mort en mettant de la vie partout ». Aussi, attend-il son 8ème enfant… avec sa cinquième femme, parmi lesquelles une Corse, une Italienne et une Grecque ! Sa vie se résume en petits drames et grandes joies au quotidien car, comme c’est un père « responsable », il a ses enfants avec lui soit une semaine sur deux, soit un week-end sur deux. Autant dire que tout cela demande une sacrée dose d’organisation ! Et côté éducation, il en connaît un rayon, notamment sur l’obligation de négociation… avec les mères comme avec les enfants. Du départ à l’école aux angoisses nocturnes, en passant par une inénarrable partie de Jeu des 7 familles, il nous raconte sa vie d’expert en familles recomposées jusqu’à son cauchemar qui se transforme en exploit final : emmener tout le monde, y compris les nouveaux hommes de ses ex-femmes à Noël, chez sa mère, en Corse ! Bien sûr, Michel Scotto di Carlo a sacrément exagéré la situation mais malgré cela il reste toujours dans le vrai et chacun, chacune d’entre nous qui n’avons pas su former qu’un seul couple dans notre vie retrouvera des moments vraiment vécus, parfois difficilement. La grosse différence ici, c’est que la joie de vivre est omniprésente et tous ses petits tracas sont prétextes à rire… ce que nous faisons avec force plus d’une heure durant. Comme le père qu’il incarne, le comédien ne se ménage pas. Dans une mise en scène exigeante et pleine de très belles images, il joue, chante et danse, souffre et jubile, parfois pète les plombs, ce sans jamais se permettre une once de méchanceté ni de vulgarité, avec au contraire une belle générosité et une très jolie poésie. Un régal !
Caroline Fabre